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2018-05-25T18:25:33+02:00

Ode à ces trois amis. Et à ces trois autres.

Publié par Chickabee

En ce moment c’est un peu vide, et sans ma famille (PapaMamanToi) au quotidien, ça va l'être encore plus. Tu sais que j’ai du mal à être seule, que je suis encore cette petite qui a besoin de quelqu’un, tout le temps. Et j’avais tous les jours quelqu’un en ce moment, puisque j’ai des amis…

Quand je pense à ces amis, j’ai cette citation de Nana qui me vient en tête :

« Dans cette réalité, où, bien que ne parvenant pas à devenir adulte, je ne pouvais pas passer mon temps à me faire chouchouter. Nana, tu m'as montré les rêves les plus doux…»

Dans cette réalité, où, bien que je ne parvienne toujours pas à être parfaitement adulte alors que j’y croyais dur comme fer, j’ai envie de passer mon temps à me faire chouchouter. Et c’est ces trois gars-là qui me montrent les rêves les plus doux.

Je me lève le matin, et je sais qu’on m’attend, là, devant le centre de formation, pour aller prendre un café ou juste discuter. Je sais avec qui je mange le midi. Je sais à qui parler le soir quand ça ne va pas, ou quand ça va, ou quand j’ai une nouvelle à annoncer. Je sais qui voir pour des soirées mouvementées ou non, pour apprécier la compagnie d’une ou de plusieurs personnes jusque tard dans la nuit.

J’ai toujours aussi peu confiance en moi. J’ai toujours besoin d’être rassurée, toujours. Je pense toujours que je suis nulle, moche, que je ne réussis rien, ou que si je le réussis c’est du hasard.

Et j’ai ces trois personnes là qui s’insurgent, qui argumentent, qui défendent, qui essaient chaque jour de me faire comprendre que j’ai de la valeur, et que je suis aussi digne d’être aimée.

La vraie citation, on le sait, c’est celle-ci… « Dans cette réalité, où, bien que ne parvenant pas à devenir adulte, je ne pouvais pas passer mon temps à me faire chouchouter. Nana, tu m'as montré les rêves les plus doux, c’était comme un premier amour heureux…»

Je suis très aimée. Malgré tout ce que je peux dire de négatif sur moi, je suis très aimée. Je me lève le matin je suis aimée par cet homme dans mon lit. Je n’ai pas confiance, je suis aimée par cet ami qui va me dire que je suis belle, par cet autre qui va me dire que je m’exprime bien, ou que je devrais prendre plus confiance.
A 2h du matin je vais pleurer, et j’aurais cet ami à appeler, qui répondra.

Ce n’est pas forcément la fin.

Et si ça ne va pas avec mon amour, les amis seront là. Ils m’attendront, toujours à ce même bar, toujours avec ces mêmes bières, depuis trois ans, trois ans où l’on se voit tous les jours, où l’on s’oublie le temps de quelques semaines de stage, et où l’on se redécouvre avec bonheur pour la suite.

Je me sens un peu vide, j’ai avancé avec toute cette bande, et on était beaucoup, à se dire que si c’était à refaire on le referait pas, sauf un. Sur quelle épaule solide vais-je m’appuyer quand je m’ennuie en cours ?

Je me sens un peu comme Hachi, qui disait que chacun avait quelque chose de plus important qu’elle dans la vie. C’est un peu ça. Chacun va se suivre, et aucune âme ne va se sentir aussi solitaire que la mienne. Du moins en impression. Je sais que l’un s’engage dans une histoire d’amour à distance, sans perspective solide de poste, de relation, qui le laisse balloté par les événements, et qu’il est seul aussi. Le deuxième a une vie toute tracée, il sait ce qu’il veut. Mais il s’ennuie. Il a tout programmé, mais n’a pas de cercle social qui lui aille. Il se satisfait de ce qu’il a, mais me dit qu’il ne trouve personne qui ne l’a jamais vraiment compris, avec qui il n’a jamais été moins différent. Et qu’on va lui manquer. Le dernier est plus jeune, essaie de s’émanciper de chez ses parents. Les histoires d’amour ne l’intéressent pas. Il peut travailler où il veut, il sait tout faire. On va tous partir, et lui va rester là. Je sais que lui aussi se sent seul.
Des fois, je me demande si ce n’est pas cette solitude, « que toute personne porte elle, telle un fardeau », qui nous a fait nous rejoindre.

« Dis Nana, si, par exemple, nous avions été un couple d'amoureux, une étreinte aurait-elle suffit à faire disparaître ma tristesse ? Ou alors, est-ce que toute personne porte en elle cette solitude, telle un fardeau ? Je n'avais pas l'intention de t'accaparer, je voulais juste que tu aies besoin de moi. »

On a énormément grandi, chacun, pendant ces trois années. On est tous venus par hasard, et parce qu’il nous manquait quelque chose. On a trouvé qu’on pouvait être solides, qu’on pouvait être responsables, qu’on pouvait garder la vie en une personne, qu’on pouvait aussi l’enlever en cas d’erreur… On a tenu par la main des gens en train de partir, on a levé des personnes qui naissaient ou renaissaient dans nos bras. On s’est levé chaque matin à 4h30 pour aller soigner des gens malades. On s’est levés en retard chaque matin pour aller en cours. On a fait de notre mieux. Je pense que nous sommes devenus des gens meilleurs. Une meilleure version de nous-mêmes.

Et quand je me sens petite fille encore, je sais qui j’ai été pour ces trois gars là. On a été plus que des amis, on a été des collègues, on s’est investi pour que la vie dure chez des gens qui devait partir et laisser leurs proches seuls… On a été qui on devait être au moment où l’on devait l’être.

 

Bordel, maintenant je me sens adulte, plus que je ne l'ai été jamais. 

 

Tellement de souvenirs passent. Avec qui je vais boire jusqu'à pas d'heure et ramasser des panneaux de circulation la nuit après ce bar qu'on aime tant ? Qui va me préparer les mojitos ou les cocktails qui me fracassent pas trop ? Je ne vais plus pouvoir réconforter cet ami qui a massé, massé, et qui n'a pas réussi à faire repartir le coeur de ce patient ? On se lève parfois le matin pour voir des gens qui vont mal, qui vont mourir. Qui va nous soutenir, maintenant, quand ça ne s'est passé comme on voulait ? 
J'ai cet ami qui travaille en bloc opératoire, qui voit de la boucherie chaque jour. Cet autre ami qui travaillent avec des dépressifs, des psychotiques, des anorexiques. L'autre est en pneumo, trois personnes meurent par semaine. J'espère qu'on pourra encore se soutenir.

C'est pas toujours rose, dit comme ça, mais j'espère que tu comprendras pourquoi j'ai tellement aimé ces gens là, ces amis. C'était comme un premier amour heureux. Mieux encore. 

Si tu avais été un homme, Nana, nous aurions pu vivre un amour parfait.
C'est ce que je me disais souvent, à l'époque.
Mais dans ce cas, nous n'aurions sans doute pas eu que de bons souvenir.
Parce que la douleur va de pair avec l'amour,
Parce que l'amour est un sentiment pénible au point de vouloir se noyer.

Mieux que de l'amour. 

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